la maison des photographes
Il y a quatre ans, le laboratoire Dupon passait dans le giron de RC Group, leader dans la communication des marques de luxe en points de vente. Cécile Dourmap, l'actuelle directrice générale, et Florent Lepsch, son successeur annoncé fin 2022, reviennent sur cette acquisition d'hier et les projets de demain.
Quel bilan tirez-vous de cette acquisition ?
Cécile Dourmap: Elle avait vraiment du sens, je n'en doutais pas ...et elle s'est révélée un vrai succès au niveau de la fusion des équipes, du déploiement du portefeuille clients, de notre force de frappe vis-à-vis des marchés que nous entreprenons. Dupon poursuit une double activité : le business auprès des annonceurs parfums et cosmétiques et plus particulièrement les prestations de PDV, postproduction et print... et ses activités culturelles.
Florent Lepsch: Cette opération a permis de prendre le meilleur des deux structures et d'abandonner certains process qui commençaient à dater, aussi bien chez RC que chez Dupon. C'est un vrai succès, si on se souvient qu'on a dû traverser comme tout le monde la terrible épreuve du Covid. On a dû aussi gérer un déménagement titanesque et hautement symbolique. Nous avons quitté fin décembre 2021 l'immeuble historique du 74 rue Joseph-de-Maistre (dans le 18ème) pour de spacieux bureaux à l'entrée de Neuilly. Nous craignions que des photographes, souvent basés dans le nord et l'est de Paris, ne veuillent migrer jusque dans le 92. Mais tout le monde nous a suivis, nostalgique peut être encore un peu de l'ancien immeuble à verrières, mais ravi de nos nouvelles installations, avouons-le, beaucoup plus pratiques et confortables pour les clients et les collaborateurs. Mais ce dont nous sommes le plus fiers, et le déménagement n'a rien modifié, c'est que nous avons conservé l'esprit insufflé par Jean-François Camp, le fondateur et ex-PDG de Dupon. Il avait créé un labo ouvert aux photographes. C'était vraiment leur "maison". Aujourd'hui, le contact, la collaboration et le temps disponible entre techniciens et photographes restent notre priorité.
Avez-vous prévu le rachat d'autres laboratoires?
Cécile Dourmap: Il est bon de rappeler qu'avant Dupon, nous avions acquis en 2013 Phidap, puis Rainbow Color en 2017. Fort du succès de ces opérations dans un secteur considéré comme sinistré, notre PDG, Raphaël Cohen, m'a confié la responsabilité de nouvelles acquisitions. Je me suis intéressée évidemment à Dupon : j'avais noué des relations amico-professionnelles avec Jean-François Camp, qui souhaitait arrêter mais assurer la pérennité de son entreprise en la vendant à un groupe solide.
Florent Lepsch: Ces réussites successives, aussi bien sur le plan économique que sur le plan humain, ont fait que nous avons pu envisager sereinement, de racheter un labo aussi prestigieux que Dupon.
Cécile Dourmap: Nous restons bien entendu ouverts à d'autres opportunités afin d'accroître notre portefeuille clients, de mutualiser nos forces et de pérenniser nos prestations et l'emploi de nos collaborateurs.
En 2020, il était prévu que vous deveniez un grand partenaire des Rencontres d' Arles. Mais le Covid a provoqué l'annulation du festival et remis en cause ce partenariat. Allez-vous revenir à Arles ?
Florent Lepsch: Pourquoi pas ! Mais il faudra que cela fasse sens pour Dupon. Nous réfléchissons également à nouer un partenariat avec une école de photographie. L'idée est de collaborer toute l'année avec les étudiants sur des projets précis qui nécessitent la compétence de nos techniciens. Notre coeur de métier, ce n'est pas de projeter un regard artistique mais d'apporter la technique pour faire aboutir un projet artistique. C'est l'artisanat associé à l'art ! Nous irons à la rencontre des étudiants dans leur école via l'organisation de workshops et les accueillerons chez nous au travers de stages. C'est une relation concrète qui s'inscrit dans un cadre qui nous tient à cœur, chez Dupon et dans tout le groupe : transmettre notre savoir-faire. Nous sommes labellisés Entreprise du Patrimoine Vivant, et nous avons la responsabilité de partager notre expertise avec la nouvelle génération. J'ai fait aussi une école de photographie, Les Gobelins, et je sais qu'il faut vite connaître le monde de l'entreprise. Il est important d'offrir aux jeunes l'opportunité de côtoyer durant leurs études le monde réel... et de mettre des outils, des expériences à leur disposition. Le laboratoire est un acteur à part entière de l'écosystème de la photo. Il est normal que Dupon s'engage ainsi.
Cécile Dourmap: Approcher des étudiants d'une école aussi prestigieuse apportera aussi énormément à nos équipes. Nous souhaitons ainsi nous rapprocher de la nouvelle génération de photographes : connaître leurs désirs, leurs manières de photographier aujourd'hui et ainsi appréhender leurs attentes de demain. Ils vont nous enrichir culturellement, artistiquement.
Autre mode de partage, les rencontres que vous organisez dans vos locaux.
Cécile Dourmap: Oui, ce sont des master class privées et réservées aux dirigeants des grandes maisons de parfums et cosmétiques. J'ai souhaité proposer à ceux qui avaient une appétence pour l'art et la photo en particulier, une rencontre exclusive avec un grand ou une grande photographe. Nous avons déjà fait cette expérience avec Raymond Depardon, et récemment avec Pascal Maitre. Ces moments d'échange sont toujours d'une grande qualité et d'une grande intelligence ; et chaque invité repart avec un tirage de collection de l'artiste intervenant, acheté par Dupon. C'est aussi une belle manière de remercier et de soutenir nos clients photographes.
© photo : Fred Stucin
